Etude KPMG – Industrie hôtelière française vs. Covid-19 : risques de faillites en 2021

La 43e édition de l’étude annuelle de KPMG France, «L’Industrie Hôtelière Française», analyse les ratios d’exploitation et de gestion 2019 de près de 43% du parc hôtelier homologué français (soit près de 3000 hôtels pour plus de 230 000 chambres). KPMG France se penche également sur la conjoncture de l’industrie hôtelière française à la lumière de la crise du Covid-19.


  • Saison estivale 2020 mitigée : courte embellie sur les littoraux et à la montagne, grandes difficultés en zones urbaines
  • Un secteur cependant résilient sur la durée : maintien de la confiance des investisseurs, développeurs et promoteurs qui poursuivent leurs projets de moyen-terme
  • Une baisse temporaire des valeurs hôtelières en 2020 et 2021 attendue, avec un impact potentiel sur les volumes de transactions

Un 1er semestre 2020 à plusieurs vitesses

Le premier semestre 2020 a été marqué par une baisse de 49,4 % des recettes touristiques internationales en France (sources : Banque de France, gouvernement).

La région Ile-de-France, dont l’activité touristique représente près de 8 % du PIB et environ 500 000 emplois, a enregistré un manque à gagner de 6,4 milliards d’euros au premier semestre 2020, avec 14,3 millions de touristes en moins dans la capitale et sa région (source : Comité Régional du Tourisme Paris Ile-de-France).

Près de 80 % des hôtels ont rouvert pour la saison estivale, avec toutefois des disparités en fonction des régions. En Ile-de-France, par exemple, le taux de réouverture était inférieur à 50 % tandis que tous les établissements, ou presque, étaient ouverts dans les zones balnéaires.

L’automne s’annonce d’autant plus difficile pour l’hôtellerie française, qu’elle ne bénéficiera pas d’une reprise du tourisme d’affaires qui représente 55 % des nuitées (salons annulés, limitation des déplacements professionnels). 


Un avenir de court-terme incertain

Avec plus de 90 % des hôtels fermés pendant le confinement et leur réouverture progressive entre mai et septembre, 2020 sera une année marquée par des pertes d’exploitation sans précédent pour les hôteliers. Leur ampleur est variable selon la localisation, le niveau de gamme et la solidité financière de chaque propriétaire/exploitant.

Les exercices 2020 et 2021 seront encore marqués par des difficultés. Ils risquent de faire apparaître des pertes encore importantes chez de nombreux acteurs, touchés par une diminution des fonds propres et une croissance de l’endettement.

Dans ce contexte, les mesures d’accompagnement que pourrait prendre le gouvernement au bénéfice de la filière hébergement (transformation du PGE en prêt long terme, maintien du chômage partiel, aménagements sur les loyers) seront un facteur déterminant de la consolidation de la situation financière des acteurs, dont le rôle dans les économies locales et l’emploi n’est plus à démontrer… 


Baisse modérée des valeurs hôtelières à court terme : vraie capacité de rebond à moyen terme et opportunités d’acquisition ciblées, mais à quel « juste prix » ?

KPMG France anticipe une décote sur les valeurs du secteur, liée à des niveaux de chiffre d’affaires et de performances d’exploitation (EBITDAR) absentes en 2020 et irrégulières en 2021 et 2022.

Le délai de retour à des valeurs antérieures à la crise sera variable et dépendra d’un certain nombre de critères : la localisation, l’enseigne, le positionnement, le modèle d’exploitation, le mode de détention. Mais il dépendra surtout de la réouverture des frontières et de la diminution du risque sanitaire.

Les actifs « murs et fonds de commerce », bénéficiant d’une localisation prime, gardent naturellement une plus grande solidité et liquidité sur le marché. Les fonds de commerce seuls subissent davantage les effets conjoncturels inédits de la crise. Après une année 2019 très active sur le marché des transactions (2,3 milliards d’euros en France), il est encore difficile d’évaluer les effets de la crise sur la poursuite de la consolidation du secteur. Certains acteurs préfèreront sans doute attendre le retour à de meilleures conditions économiques et financières avant de déclencher une cession. Les vraies opportunités à des « prix justes » sont celles qui seront saisies dans les prochains mois, sous réserve de la solidité des investisseurs et de la confiance des banques dans cette classe d’actif.

Néanmoins, les promoteurs et les investisseurs hôteliers, semblent maintenir leur confiance dans l’avenir de cette industrie. Ils poursuivent leurs développements avec des calendriers de livraison maintenus entre 2022 et 2023. 

Palaces : une forte dépendance aux clientèles internationales qui renforce l’incertitude d’une reprise avant 2022

Après une année 2018 marquée par une belle progression des performances commerciales, 2019 a été plus mitigée, notamment sur le marché parisien, déjà impacté par plusieurs évènements conjoncturels défavorables (grèves, manifestations).
Le taux d’occupation, toutes régions confondues, a atteint 60,2 % en 2019 pour un prix moyen de nuitée de 1 061 € HT, avec d’importantes disparités selon la localisation.

En 2020, la forte dépendance aux clientèles internationales (qui représentent 90 % des nuitées des palaces français) a renforcé l’incertitude.Pour les palaces parisiens, qui rouvrent progressivement depuis septembre, les pertes sur 2020 sont estimées à plus de 70 % du chiffre d’affaires annuel. La clientèle nord-américaine est la principale clientèle des palaces parisiens (25 % des nuitées), suivie de près par la clientèle du Moyen-Orient (23 %), contre 8 % pour la clientèle française.

Le retour à un niveau d’avant-crise reste encore hypothétique, avec une année 2021 qui s’annonce très difficile pour ces établissements dont la masse salariale représente 45 % du chiffre d’affaires total en moyenne sur une année normative.

Une industrie et des concepts d’hébergement en renouveau..

Selon KPMG France, la crise du Covid-19 pourrait accélérer certaines tendances de consommation touristique, parmi lesquelles :

  • Le renouveau de l’offre hôtelière de campagne
  • Le renforcement de la pratique du slow tourisme, en opposition au tourisme de masse
  • Le goût pour les hébergements éco-conçus et diffus



Source : Communiqué de presse KPMG France